Interview avec Digital Nova - Version française

Voici le texte original français pour l'interview avec Digital Nova. Pour lire la traduction anglaise, cliquez ici.


Digital Nova a sorti son nouvel album, Orphelins, l'année dernière. Comment décririez-vous votre groupe pour les personnes qui ne connaissent pas la musique de heavy metal français ? Quelles sont vos principales influences ?

Mathieu : On peut décrire Digital Nova comme un groupe de rock/metal français, que ce soit pour notre origine ou nos textes, tous chantés en français. Chaque membre du groupe a des influences qui varient, même si le socle commun est très rock. Notre style se rapproche de groupes comme Korn, Deftones ou Mass Hysteria musicalement, mais aussi de Lofofora ou No One Is Innocent au niveau du chant. Tout ça n'est pas vraiment calculé au final, nos influences s'expriment d'elles même et nous ne cherchons pas à copier certains groupes.
François : On évolue dans une lignée proche du Rap métal commencé dans les années 90’s avec RATM, on aime le groove et l’unité musical avec un chant porteur de textes et non de mélodie, mais on s’arrête jamais là on explore des parties plus progressives, aérienne, ou carrément plus hardcore.

Orphelins est votre premier album sorti avec NFFP Records. Comment travailler avec un label discographique change-t-il votre approche de l'écriture et de l'enregistrement de la musique ?

Mathieu : Très honnêtement, le fait de signer chez NFFP Records n'a rien changé à notre manière de faire. Le label nous a laissé carte blanche, que ce soit pour la composition ou la production, nous avons eu la même démarche que pour Alpha/Omega. C'est très positif pour nous de sentir qu'ils nous font confiance.


La production plus raffinée, sur Orphelins, vous a permis de passer de votre précédent son hardcore à un territoire plus nu metal. Est-ce un mouvement intentionnel, ou une évolution naturelle du son du groupe ?

Mathieu : Je dirais qu'il s'agit d'une évolution naturelle du son du groupe mais du groupe lui-même également. Nous avons une manière très instinctive de composer des morceaux. En dehors des bandes sonores qui ont été composée par JB (Jean-Baptise Caysac, guitare) chez lui, la quasi-totalité de l'album a été créé au sein de notre local de répétition, sans préparation. Les titres que tu entends sur Orphelins ont, pour la plupart, chacun été composés en 2 ou 3 séances de répétitions. Un riff sort, les idées fusent et de fil en aiguille un morceau est créé.
Le son a aussi évolué lors de l'enregistrement, la production est un peu plus léchée et cela influe forcément sur la couleur des morceaux.

En juin, vous avez joué au Helpfest, aidant à collecter de l'argent pour un organisme de bienfaisance. Avec les tensions actuelles dans la politique internationale, quelle importance donnez-vous à ce genre de solidarité ?

Mathieu : C'est toujours un plaisir pour nous de jouer en live, mais si en plus on peut associer ce genre d'évènement à une bonne cause on ne s'en prive pas.
François : Les amis qui ont organisé cet évènement se sont donné à 200 pour 100 et la soirée était superbe ! Ici pas de tensions, nous sommes là pour aider une association à échelle locale (Toulon – Var), histoire de ne pas oublier que parfois juste en bas de chez soi, il y a un homme, une femme, ou une famille dans le besoin. La musique est une passerelle si on décide d’être un peu moins égoïste. 

Jusqu'à présent, Digital Nova a eu une trajectoire régulière, mais joue encore principalement en France. Avez-vous l'intention de tourner à l'extérieur de la France à l'avenir ?

Mathieu : Je crois que comme beaucoup de groupes, si on pouvait jouer partout on le ferait tout de suite ! Pour le moment, on travaille d'arrache-pied pour jouer toujours plus loin de chez nous, un passage à l'étranger dans des pays frontaliers peut aussi s'envisager. Cependant il faut faire face à un constat qui est qu'il est de plus en plus dur de tourner, les lieux accueillant les groupes amateurs disparaissent petit à petit. En tout cas nous sommes ouverts à tous les plans qui nous permettront de nous exprimer sur scène.
François : Le rock, le métal, le punk… enfin, toutes les musiques qui sortent des grilles classiques des radios sont toujours mieux accueillies à l’étranger qu’en France, donc ce serait idéal. D’ailleurs, on attend ton invitation !

Quels seraient les groupes idéals avec qui vous partiriez en tournée, si vous en aviez l'opportunité ?

Mathieu : Clairement des groupes dans le même esprit que nous, pourquoi pas rejouer avec Mass Hysteria ou d'autres groupes français.
François : Oui Mass, Lofofora, ou encore Sidilarsen niveau Français. Mais pourquoi pas aussi accompagner un groupe américain ou autre qui défend un début de carrière sur nos routes Française, tant que le courant passe ! Si je pouvais choisir un « rêve », ce serait Deftones !


Toutes vos paroles sont en français, certaines critiques pourraient faire valoir que cela freinera un groupe qui aspire à réussir au niveau international. Cependant, après Alcest qui a reçu une reconnaissance internationale malgré l'écriture de toutes ses chansons en français, ne croyez-vous pas qu'il existe un potentiel pour les musiciens francophones à réussir au niveau international ?

Mathieu : En fait, nous ne composons pas nos morceaux avec en tête l'idée de les faire marcher commercialement, à l'international ou non. Notre démarche est de créer des titres qui nous plaisent, qu'on aura plaisir à écouter comme à jouer en live. Et puis nous sommes des français qui vivent en France, n'est-ce pas le fait de chanter en anglais qui serait moins naturel ? Partant de là, on ne se prend pas la tête avec cette idée de réussite.

François : Je ne me pose plus la question, j’écris ce que j’ai besoin d’écrire, donc en français. L’anglais est plus chantant, certes, mais ce n’est pas notre démarche. Les poèmes les plus célèbres sont connus et reconnus dans le monde entier en français alors pourquoi ne plus continuer ? Le français sort instinctivement. Si je décide de partir au bout du monde dans les prochaines années peut être que j’écrirais dans une autre langue d’ici là !

Comment évalueriez-vous la scène actuelle de heavy metal en France ?

François : Noyée à la naissance... Il existe des centaines de bons groupes mais à part ceux qui ont percé avant les années 2000, plus personnes n’arrive à en vivre. Il n’y a plus de médias, plus de magazines, plus de radios FM comme support, tout se fait en indépendant et ces démarches sont inaccessibles pour beaucoup. Pourtant le public existe toujours, même chez les moins de 20 ans. Tellement dommage quand on voit l’énergie et la qualité de tous les groupes qu’on croise sur scène… Mais le rock / métal / heavy est bel et bien là. C’est une passion. Je me demande si les mecs de « Despacito » continueraient la musique s’ils tournaient dans des bars payé en bières et hébergement pendant 10 ans. 😉

Avec Orphelins qui a presque un an, avez-vous commencé à écrire votre nouvel album encore? Quelle direction pensez-vous que votre nouvel album prendra ?

Mathieu : Suite à Orphelins, nous avons surtout travaillé nos lives afin qu'ils soient les mieux préparés possibles. Nous avons commencé à trouver quelques idées mais pour le moment la direction n'est pas encore définie car il n'y a rien de concrètement posé. Nous sommes un groupe qui met du temps à sortir des albums !
François : Aucune idée, nos vies évoluent et donc notre musique aussi. Quand on s’enfermera pour composer, on fera donc aussi un gros point sur nous-mêmes. Actuellement, j’ai un grand besoin de douceur enrobé d’un gros mur brutal… Peut-être la solution !

Enfin, y a t-il d'autres groupes dans votre scène musicale locale que vous pouvez recommander ?

Mathieu : Il y en a quelques-uns oui. Je pense notamment à Riff, Toys, Furiapolis, Beat Cheese… Des groupes à voir en live avec au sein d'eux des gars vraiment attachants.
François : Oui je rejoins Mathieu sur ces 3 groupes que j’adore ! Je recommande aussi les groupes suivants : Babylon Pression, The Coyotes' Dessert et les excellents Rescue Rangers.

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